Mémoires oubliées

Le sac à dos d'Anwyn (cliquez sur son nom pour accèder à sa fiche), l'Elfe amnésique, ne contient pas uniquement les diverses choses qu'elle a volé ici et là. Tout au fond du sac de cuir qu'elle traine partout avec elle, se trouve un objet étrange... une relique... Les reliques des mémoires oubliées d'Oelendra de Navare. Il s'agit d'un journal intime dont Anwyn n'a aucune connaissance. A chaque fois qu'elle jette un œil dans son sac, l'empreinte laissée par le carnet dans son cerveau s'efface aussitôt. A chaque fois qu'elle pose la main sur le petit livre, ses doigts lâchent prise. N'allez pas évoquer le sujet avec elle, elle n'en gardera aucun souvenir, aussitôt évoqué. N'allez pas lui en compter les histoires, elle ne s'en souviendra pas la seconde d'après...

Malgré tout, en voici le récit:

Me voici donc sur les routes à la recherche d’un vulgaire magicien. Quelle idée!

Si l’ordre de partir en quête n’était pas venu de mon géniteur, qui comme un fait exprès, est aussi celui qui subvient à mes besoins financiers, je n’aurais pas bronché d’un iota. Quel intérêt d’aller quérir un mentor obscur quand tout ce qui a un jour été testé en matière de magie se trouve dans les écrits d’illustres mages. De plus, la bibliothèque familiale regorge de travaux et d’essais sur la magie, qu’elle soit noire ou blanche. Me prend-il pour une débutante ? J’ai invoqué mon premier familier alors que je n’avais pas 12 ans. Et voilà que 4 ans plus tard, l’on m’affuble le titre de Novice et l’on m’expédie dans le vaste monde. Heureusement, j’ai pu demander l’assistance d’une cohorte de serviteurs et emprunter quelques ouvrages précieux sur lesquels je travaille.

Halcyona … pays de terreux et de vaches laitières. Encore une semaine sur cette maudite route et je saute de la première falaise que je trouve. Hier soir nous avons fait halte dans un bouge sans nom. Le tavernier n’a même pas pu me proposer un repas digne de ma condition d’Elfe. J’ai du attendre deux heures qu’il fasse chauffer suffisamment d’eau pour que je puisse prendre un bain… Que dire de la literie ! Coton rêche et plume d’oie ! Ma pauvre peau ne mérite vraiment pas ce traitement. Heureusement que mes serviteurs savent bichonner ma personne. Malheureusement, mon stock d’huiles s’amenuise et la dure vie de voyageuse assèche de plus en plus mon épiderme délicat. Ce n’est décidément pas la place d’une jeune femme de 16 ans d’arpenter les routes.

J’aperçois enfin la civilisation. Les tours de Marianople d’offrent à ma vue depuis ce matin et quelques coups de bâton bien senti accélèrent un peu la cadence. Vivement emplettes, flâneries et rencontres avec la noblesse locale. Mes habits collent et sentent… Un lointain cousin doit me mettre son penthouse à disposition mais il me faudra plusieurs jours avant d’oser quitter ma chambre et y faire quelques réceptions que ce soit. Marianople devra attendre avant de jouir de ma présence.    

Enfin ! Voilà qu’arrive cet hurluberlu qui prétend pouvoir m’apprendre, A Moi, le peu de magie que je ne métrise pas déjà. Qu’il est vieux ! Et laid ! Mais bon ! Je suppose que tel est le lot des érudits humains qui souhaitent à minima arriver à la cheville d’un Elfe en matière d’art obscur.

Mais de quoi me parle-t-il celui là encore ? Comment ça, je n’ai pas les bases ? Je n’ai que faire de l’herbolotruc et de la confection de potions. Mon charme naturel suffit à séduire n’importe qui. Nul besoin de filtre ou autre décoction douteuse. La Gemmologie ? Mais il utilise vraiment de ces termes barbares ! Un diamant ou un rubis n’a de place que sur une bague ou un diadème. Il va vraiment  falloir que je lui enseigne mon art afin qu’il arrête de se donner des airs supérieurs.

J'en ai assez! Cela fait des semaines que le vieux grincheux, qui se fait appeler Maitre Gandoulf Le Terne, un nom à coucher dehors, me force à travailler sur sa paillasse d'alchimiste. Une missive de mon paternel me menace de me couper les fonds si je ne réduis pas mes dépenses et que je ne gratifie pas plus de ma présence les cours de mon mentor aigri. Je ne comprends rien de ses leçons... La seule chose que je comprenne, c'est que les fêtes se font sans moi et que les lits de mes amants refroidissent en mon absence.

Les poisons. Enfin une leçon digne d’intérêt. Si je veux un jour devenir reine, il me faudra maitriser cette technique, ne serait ce que pour me débarrasser de ce Gandoulf gênant ou de cette Nyllie qui semble user de ses charmes pour détourner la gente masculine de mes soirées. Je commence enfin à comprendre la science de l'herbologie. Je ne savais pas que la nature recelait de nombreux trésors.

Septième entrée du Journal intime d'Oelendra de Navare
Je suis en quête de sauge et d' echinacée pour un baume. Maitre Gandoulf m'envoie en cueillir dans les champs alentours et cela me permet de quitter un peu la ville et ses malheurs. Pas plus tard qu'hier, j'ai aperçu mon Huther dans les bras de Nyllie... Comment cette garce fait elle. Il m'a fallut des semaines pour attirer son attention et plus encore pour qu'il ose gouter de mes charmes et je suis prête à parier qu'il se donne à elle sans rechigner. Je fête mes 17 ans dans une semaines et il ne me reste plus que ce fidèle Stéphan pour réchauffer mes nuits. Il n'a beau pas être d'une haute lignée, lui au moins sait me satisfaire.

Huitième entrée du Journal intime d'Oelendra de Navare
Etude des entités et énergies primitives... Rien que le nom me donne envie de dormir. Maitre Gandoulf ambitionne de me faire invoquer des fées lumière. Je m'entraine depuis des jours mais je ne produit rien de plus que des flashs lumineux et j'ai failli mettre le feu au penthouse de cousin Harthus. Cela aurait pu être drôle puisque même lui couche avec Nyllie. La fête que j'ai organisée pour mes 17 ans a été un fiasco. Pas une seule personne n'est venue. Me voilà ermite en quête de savoir alors que la jeunesse du pays se déprave entre les cuisses d'une autre. Je ne sort plus la tête des ouvrages et herbiers. Ma garde robe en prend un coup... me voilà obligée de porter plusieurs fois les mêmes tenues alors que du temps de ma splendeur, je les jetais dès la première utilisation.

J'ai enfin pu évoquer ma fée lumière. Quelle magnifique créature! Je suis restée des heures à la contempler alors qu'elle virevoltait autour de ma personne. Les petits sons qu'elle émettait on ravis mes oreilles. Il faut vraiment que j'approfondisse l'étude des créatures magiques. Maitre Gandoulf vient de me récompenser en m'autorisant à prendre quelques jours de vacances. Je pense aller faire une petite virée du côté d'Ezna. On y parle d'un Ange Elfique au cheveux de jais qui terroriserais la vermine locale par ses vengeance démonstratives. Il parait qu'elle a mon âge et que sa beauté égale celle des reines. 

Dixième entrée du Journal intime d'Oelendra de Navare
Raphsodie... (dont la fiche est ici et le BG, ici) quel nom merveilleux pour cet être étrange. Après des jours de recherche, je me suis décidée à offrir un contrat sur la tête d'un malfrat local. De cette manière, j'ai pu voir l'Ange de la mort en pleine action. Elle est apparue, souriante et lumineuse, derrière le malandrin que je suivais depuis des heures et dans une magnifique gerbe de sang, lui a décollé la tête du reste du corps. Il semble que j'avais vraiment bien choisis mon appât car il s'agissait en fait d'un vulgaire violeur et que la belle tueuse affectionne particulièrement la mise à mort de ce genre de monstre. J'ai éprouvé une peur viscérale quand elle s'est retournée vers moi, son arme à la main. Mais je ne pouvais pas bouger d'un pouce tellement sa beauté me subjuguais. Je crois bien que j'en suis jalouse. Elle me surpasse...

Onzième entrée du Journal intime d'Oelendra de Navare
La protectrice d'Ezna vient de m'envoyer une missive. Elle me demande de payer ma dette envers elle pour l’exécution du violeur et m'envoie une de ses protégée. Il s'agit d'une enfant des rues qui répond au nom d'Anwyn. Elle devrait arriver à Marianople d'ici quelques jours et je lui prépare un nid douillet. Mes serviteurs s'affairent à ranger mes livres et mon laboratoire. Je ne peux recevoir quelqu'un sans qu'un peu d'ordre ne règne chez moi. Maitre Gandoulf accepte de partager ses enseignements avec la nouvelle venue à condition que je paye pour son instruction.

La petite Anwyn vient d'arriver. Enfin petite... elle a mon âge. Il s'agit d'une Elfe dont les parents ont disparus et qui vit dans la rue depuis des années. Pauvre souillon. Elle ne porte que des loques déchirées et quand je vois l'état de sa tignasse, cela me donne l'envie d'y mettre un coup de paire de ciseaux. Sa peau est noire de crasse et elle à des manière de pauvrette. Pourtant, je suis presque sûr qu'il se cache un beau brin d'Elfe sous toute cette crasse. Je me fais le devoir de lui rendre un aspect présentable.

Anwyn est lavée et coiffée. Elle est beaucoup plus présentable. Ses traits son doux même si elle semble avoir beaucoup souffert dans la vie. Elle n'ose parler et ne sort pas de sa chambre. Finalement, elle possède une magnifique chevelure rousse. Sa peau ambrée dénote avec la blancheur des Elfe de la noblesse. Il sera difficile de la présenter comme autre chose qu'une domestique.

En allant faire quelque emplettes pour Anwyn, qui a diablement besoin d'une garde robe, j'ai croisé cette pauvre Nyllie. Contre toute attente, la troupe de profiteurs s'est trouvée une autre muse. Nyllie est maintenant désespérément seule et j'en viens presque à éprouver de la compassion pour elle... heu, après réflexion, non!

Cela fait 3 mois qu'Anwyn suis les cours de magie à mes côtés. Elle apprends vite. Très vite même. Elle en sait bientôt plus que moi alors que je suis à Marianople depuis presque un an. Je suis très fière de ma petite protégée. Elle prend de l'assurance et j'adore faire les boutiques avec elle. Je lui prête quelques unes de mes robes et lui en achètes de nouvelles. Elle a une mine radieuse et je lui donne des cours de maintient. Dans quelques semaines je pourrais en faire la nouvelle coqueluche de la ville.

Anwyn et moi avons été passer quelques jours à la campagne pour nous changer les idées. Nous sommes restées des soirées entière à discuter autour d'un feu et à regarder les étoiles, couchées dans les champs de fleurs. J'ai l'impression d'avoir enfin une véritable amie. Dire que ma vie était si futile avant que je ne la rencontre et que je ne m'en apercevais même pas. Elle s'est longuement laissée aller à la confidence sur ses malheurs de jeunesse. J'en ai pleuré rien que de l'entendre me compter sa vie. Maudit destin qui m'a fait naitre si loin d'elle alors que j'aurais pu la protéger.


Seizième entrée du Journal intime d'Oelendra de Navare
Il s'est passé quelque chose d'étrange ce soir. Alors qu'Awyn et moi nous étions assises sur les remparts de Marianople à regarder les lumières de la ville, elle s'est blottie contre moi et a commencé à frissonner. Je lui ai demandé si elle avait froid et si elle voulait rentrer mais elle m'a affirmé qu'au contraire, elle voulait rester éternellement avec moi. Nous nous sommes regardée l'une l'autre et dans l'inspiration du moment, nous nous sommes embrassée tendrement. Je n'avais jamais ressentie ça avant pour qui que ce soit... je crois bien que je suis amoureuse!

Cinq jours que nous n'avons pas quitté la chaleur des draps de soie. Je vois mes serviteurs baisser le regard lorsqu'ils rentrent dans la chambre pour faire le ménage. Que la vue de deux femmes Elfes entièrement nues doit être gênante à regarder pour ceux qui ne conçoivent l'amour qu'entre un mâle et une femelle ! Je m'en moque. Ce fut cinq jours de plaisirs intenses. Jamais aucun de mes amants masculins ne m'avait fait atteindre un tel niveau de jouissance. Je soupçonne Anwyn d'user de magie sur mon propre corps.

Que la vie est douce au côté de ma chère Anwyn. Nous n’assistons plus aux cours de Maitre Gandoulf car Anwyn a déjà dépassé le Maitre. Elle tente de me pousser à son niveau et je ne dis oui que pour passer plus de temps à ses côtés. Il y a une semaine, j’ai reçu une missive assassine de mon père. Il m’ordonne de mettre fin à mon idylle qu’il décrit comme contre nature. Si je ne reviens pas rapidement à la raison, il me coupera les fonds et me déshéritera. Une des choses que mon cher géniteur ma apprit, c’est à toujours avoir de l’argent de côté… et de l’argent, j’en ai plus qu’assez pour toute une vie. Mes serviteurs préparent déjà leurs affaires. Je compte m’installer avec Anwyn dans un cottage du côté d’Ezna.

Cher journal, voilà deux ans que je n’ai pas parcouru tes pages. Je vis le parfait bonheur avec ma douce Anwyn. Nous vivons dans l’insouciance de nos vingt ans. Raphsodie est venue nous rendre visite hier. Elle s’inquiète. Mon père a lancé un contrat sur la tête d’Anwyn et Raphsodie prétend avoir déjà éliminé deux tueurs. D’après elle, le contrat est maintenant entre les mains d’un certain Achmed et Raphsodie en tremble rien qu’à citer son nom. Nous allons prendre la route vers le sud pour mettre de la distance entre ce tueur et nous. Anwyn m’a fait jurer que s’il lui arrivait quelque chose, je devais l’oublier et refaire ma vie. Elle m’a fait jurer au moyen de la magie.

(L’écriture est tremblante et presque effacée par endroit. Il semble que l’auteure ait versé des larmes en y écrivant ces lignes)

Anwyn est morte ! MORTE ! Cet Achmed nous suivait depuis des jours. Il nous à débusqué en pleine nuit et la magie d’Anwyn n’a eu aucun effet sur lui. Il m’a frappé et attaché. Je l’ai vu découper Anwyn en morceau alors qu’elle hurlait de douleur. Raphsodie a planté une dague dans le crane de ce monstre malgré ce qu’elle semble ressentir pour lui. Anwyn est morte dans mes bras. (L’encre se mêle à des taches d’humidité. La page est chiffonnée à cet endroit et l’écriture reprend avec plus de tremblement. Elle est presque illisible)

Mon amour… je ne peux t’oublier. Tu as marqué mon cœur et mon esprit au fer rouge. Je sens le serment magique se rappeler à moi et j’entends suivre son appel. J’ai trouvé un sort d’oubli total dans tes livres. J’ai donné mon or à Raphsodie et ne vais garder que quelques affaires et ce journal. Je viens de passer autour de mon coup le collier que je t’avais offert. Celui qui porte ton nom. Le sort est prêt… ne manque plus que l’incantation finale. Je ne peux plus vivre avec cette douleur. Pardonne-moi mon cœur d’enfermer mes souvenirs de toi derrière une lourde porte. J’y enferme aussi ma vie. Adieu !

(Quelques heures après qu’Oelendra ait écrit ces lignes, une Elfe blonde se réveilla au pied d’un arbre. Elle ne gardait aucun souvenir de sa vie d’avant. Elle prit le nom d’Anwyn car elle l’avait trouvé gravé sur le collier qu’elle portait)



Oelendra/Anwyn